By Kiely Barnard-Webster
Les femmes sont-elles moins corrompues que les hommes? Jusqu’a maintenant, plusieurs chercheurs et académiciens avaient fréquemment associé la phrase « genre et corruption » avec la recherche de la réponse à cette question. Travaillant sur les approches innovantes en matière de lutte contre la corruption à Lubumbashi en RDC, l’équipe de projet CAASDI de CDA a, à plusieurs reprises, étudié cette question. Pourquoi ? Comment pourrait-il aider les acteurs locaux anti-corruption de CAASDI luttant contre la corruption d’en savoir plus sur cette question? Ou même ceux qui travaillent sur la corruption dans les états fragiles, comment pourrait-elle en être utile ? Avant d’approfondir ces questions, je voulais en savoir plus sur la façon dont d’autres dans le domaine les ont analysées.
Les femmes sont-elles moins corrompues que les hommes?
Beaucoup attribuent la supposition que « les femmes sont moins corrompues » à un rapport de 1999 produit par la Banque mondiale. Ce rapport a affirmé que les gouvernements qui emploient plus de femmes étaient souvent moins susceptibles d’être corrompus en raison du fait que les femmes sont «plus dignes de confiance et de civisme que les hommes. » A ce point, la majorité des féministes ont déjà cessé de lire – mais arrêtez-vous ! Actuellement, l’état de la recherche dans ce domaine est toujours peu concluant. L’inclusion des femmes dans la politique comme un effort de réduire la corruption n’a pas été une approche définitivement réussie (voir le résultat des efforts visant à « féminiser» les postes administratifs locaux en Ouganda. Cependant, il reste à voir comment elle a été tentée). Ce qui est plus claire de la recherche dans ce domaine est que les groupes de genre vivent des effets de la corruption différemment et peuvent avoir diverses approches pour combattre ou résister à la corruption.
Expériences différentes
Maintenant, les praticiens, les bailleurs de fonds et les chercheurs ont commencé à poser des questions différentes. Par exemple, quelles sont les façons par lesquelles la corruption affecte différemment les genres ? Heureusement pour tout, des conclusions plus définitives existent de répondent à cette ligne d’enquête.
Accès aux ressources
Il existe une preuve suffisante qui affirme que la façon dont les femmes interagissent avec la distribution des services publics les amène souvent à ressentir les effets de la corruption plus durement que les hommes. En effet, les femmes sont déjà un groupe de genre marginalisé au sein et entre les sociétés. Certains pourraient même imaginer les femmes comme un groupe de genre qui porte le poids des «effets indirects » de la corruption, c’est-à-dire, qui souffre des effets indirects de la corruption dans leurs vies quotidiennes, et en souffre à nouveau quand la corruption dissipe des ressources essentielles pour la survie.
Par exemple, une publication de « Sida » (daté de 2015) sur le genre et la corruption affirme que la corruption dans la prestation des services publics affectera davantage les femmes en général et les femmes pauvres en particulier que les hommes. Les femmes sont généralement déjà plus vulnérables que les hommes et font face à une bataille difficile dans les tentatives d’accès aux services de base. Donc, lorsque la corruption réduit ces ressources, les femmes sont souvent plus touchées d’une manière indirecte. Les femmes sont aussi souvent responsables de la prise en charge des enfants et des personnes âgées, et donc « peuvent être soumises à la corruption par les fournisseurs de services de santé à différents stades de leurs [et d’autres] besoins en matière de soins de santé. » En effet, il est plus probable que les femmes seront exposées plus fréquemment que les hommes aux fonctionnaires corrompues dans le secteur de santé public. Une évaluation par U4 (daté de 2009) de l’état de la recherche concernant le genre et la corruption a soutenu cette pensée, affirmant que « des pots de vin demandés pour la prestation des services de base tels que la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement affectent les femmes de manière plus significative », car beaucoup de femmes ont souvent «moins d’alternatives que les hommes pour acquérir ces services ».
Outre la prestation des services publics, la corruption abonde aussi souvent dans les marchés informels où les femmes sont souvent les contributrices principales, les fournisseuses et les consommatrices, en plaçant ces groupes sous la pression constante à céder à la corruption pour avoir accès aux ressources clés. [Est- ce que cela réfléchit ce que vous avez vu dans des états fragiles?]
Il est d’autant plus difficile de comprendre dans quelle mesure les femmes subissent la corruption lorsque on considère que pour les femmes ‘sextortion’ [ou le ‘carpet interview’ en Ouganda] est plus fréquemment un élément de l’expérience pour accéder aux services et aux ressources. Il est donc «moins susceptibles d’être signalés.»
Expériences des femmes: participation à la gouvernance
En outre, il y a eu une avancée récente entre les chercheurs pour comprendre comment la corruption affecte la participation politique des femmes (par rapport aux hommes). Un reportage des Nations Unies sur la corruption, la responsabilité et le genre (daté 2010) démontre que « la corruption bloque l’accès des femmes à la politique et à l’administration publique de haut rang, ou agit comme un effet dissuasif sur les femmes qui envisagent d’entrer dans ces domaines.» Le point essentiel ici: dans les contextes de corruption, la sélection de « leaders » n’est pas toujours un processus fondé sur le mérite; mais plutôt sur la capacité à se faire des relations, à forger la confiance, et à aider à financer une campagne pour la participation politique. [Maintenant vous êtes en train de se poser la question – une système non-corrompu… est-il vraiment diffèrent ? Peut-être non. Dans ce cas, il est nécessaire pour nous d’approfondir notre compréhension des effets de corruption sur la participation politique des femmes aux différents contextes politiques) Ainsi, la recherche explique que les femmes qui travaillent sans «l’accès aux réseaux importants (qui sont souvent corrompus) essentiels pour entrer en politique» sont souvent exclues de ce domaine. Cependant, des cas existent où les femmes contribuent à la corruption au sein du gouvernement (il y avait un cas en Inde impliquant des femmes hauts fonctionnaires qui ont détourné l’argent d’un programme de santé maternelle).
Et alors? Diverses approches pour éradiquer la corruption ?
Le lien entre le genre et la corruption est complexe. Il est complexe à tel point qu’il est presque impossible de prédire si le genre augmente l’engagement à la corruption. Mais, il est clair que les groupes de genre connaissent et comprennent la corruption différemment. Les femmes tolèrent moins la corruption que les hommes (ici, et ici), et sont « plus susceptibles que les hommes de percevoir des niveaux élevés de corruption et d’estimer que leurs vies sont affectées par elle.» Les femmes croient qu’il y a plus de corruption dans la prestation des services publics, au sein des institutions politiques, judiciaires et secteurs de la sécurité, ainsi que les institutions non officiels, dont les marchés (ici). Et certaines femmes sont même bien placées pour la combattre: il est suggéré que les femmes leaders travaillant sur l’éducation et la réforme de la santé pourraient être aptes à « réduire la corruption par le biais des politiques » au sein de ces secteurs.
Alors, il nous reste encore à nous demander – les femmes leaders sont-elles responsables de mener la lutte contre la corruption? Quel rôle jouent les hommes dans ce contexte ? Qu’est ce qu’il reste à comprendre sur les rôles de genre dans la société, la discrimination, et l’inégalité par rapport à la dynamique de la corruption ? Quel type d’évidence est nécessaire pour soutenir la création des plans stratégiques pour aider les luttes contre la corruption ? Plus de bonnes données sont encore nécessaires pour comprendre ce lien (par exemple, seulement 1/5 des outils communs pour mesurer la corruption sont désagrégés par sexe, alors que, quelques bonnes données régionales existent pour éclaircir les grandes dynamiques de corruption et de genre). Il nous reste alors encore beaucoup à faire pour mieux comprendre le lien entre le micro-niveau et le macro-niveau).
D’autres groupes: Comment sont-ils vulnérables à la corruption?
Au cours de cette recherche, les femmes ont souvent été l’objet des études «genre et corruption», plutôt que les hommes ou d’autres groupes vulnérables (par exemple, LGBTQ). Bien qu’il soit compris par plusieurs que les femmes souffrent différemment à cause de la corruption, l’attention singulière aux expériences des femmes implique que beaucoup de recherche sont encore nécessaires pour comprendre comment les hommes éprouvent la corruption basée sur leurs rôles sociaux de genre. Par exemple, les hommes pourraient être plus vulnérables à la corruption dans certaines circonstances pour la simple raison qu’ils engagent plus souvent avec la police corrompue de la circulation. Est-ce parce que, chez les hommes, il y a quelque chose qui informe la police corrompue « oui, je suis plus vulnérable à la corruption » ou tout simplement parce que, en tant qu’individus, les hommes sont plus fréquemment en contact avec une force de police corrompue? Autrement dit, comment est-il que les rôles sociaux de genre influencent les façons duquel les hommes, les femmes et d’autres rencontrent la corruption ?
Très grande merci à notre équipe RCN J&D pour le soutien, et l’aide à la traduction!
Elle possède également une expérience dans le domaine du genre et développement. Veuillez l’envoyer un email d’intérêt si vous voudriez contribuer au blog (kbarnardwebster@cdacollaborative.org).
About the Author
Kiely Barnard – Webster est gestionnaire de programme au CDA Collaborative Learning Projects. Elle travaille sur des approches novatrices pour lutter contre la corruption en RDC. Kiely a étudié le genre et le développent au Fletcher School of Law and Diplomacy.
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